25 Jan

Une définition pour comprendre

Il existe 4 définitions officielles :

  • Fait d’environner, entourer.
  • Ce qui entoure, qui constitue le voisinage.
  • Ensemble des éléments naturels qui entourent un individu (humain, animal, végétal) ou son espèce.
  • Ensemble des conditions naturelles et culturelles qui constituent le cadre de la vie d’un individu et sont susceptibles d’agir sur lui.

Arrêtons-nous sur la dernière et décomposons la.  

Ensemble des conditions naturelles et culturelles

Qu’est-ce que la condition naturelle du chien familier ? 

Bien malin celui ou celle qui pourrait répondre à cette question ! En effet, la condition naturelle du chien familier est régie par les conditions culturelles des humains. Les chiens ne connaissent pas la notion de culture, c’est un principe humain. Par ailleurs, les besoins naturels de nos chiens sont bien différents des nôtres.

Les aboiements d’un chien peuvent perturber notre tranquillité et celle de notre voisinage.

Notre culture et nos coutumes imposent le silence pour la tranquillité du voisinage selon les jours de la semaine et les heures de la journée.

Pourtant, pour le chien, ce comportement est tout à fait naturel. C’est un des moyens de communication privilégié de leur espèce.

L’aboiement s’exprimera, en revanche, plus ou moins souvent en fonction de la race et des besoins individuels de chaque chien.

…qui constituent le cadre de vie d’un individu…

Y-a-t-il un cadre de vie typique pour un chien ?

Le cadre de vie d’un chien sera différent en fonction de chaque foyer ! Nos chiens sont mis en contact avec notre “monde humain” dès leur plus jeune âge et l’adaptation à celui-ci se fait de façon individuelle. 

Nos règles, nos lois, nos représentations, nos savoirs… en bref, notre culture guide nos pas dans notre civilisation. Mais qui guide nos poilus ?  

C’est vous ! Vous êtes son guide et vous l’accompagnez chaque jour dans sa vie quotidienne.

L’animal n’est pas une machine thermodynamique isolée mais un corps vivant qui interagit avec son environnement

Antoine Spire

…et sont susceptibles d’agir sur lui.

L’ensemble de ces conditions (naturelles ou culturelles) influencent directement ou indirectement les comportements produits par nos chiens.

De manière générale, de nombreux facteurs sont à prendre en considération lorsqu’il s’agit d’un comportement canin :

👉 Quelles sont ses motivations ?

👉 Quel est son / ses but(s) ?

👉 Quels besoins sont liés à sa race ? À sa personnalité ?

👉 Est-ce lié à son état de santé ?

👉 Dans quel état émotionnel est-il sur le moment T ?

👉 Dans quel état émotionnel êtes-vous ?

👉 Quel est la part d’inné ?

👉 Quel est la part de l’acquis ?

👉 Et bien d’autres !

Prenons un exemple :

Quand votre chien se retient de faire ses besoins naturels à l’intérieur, il s’adapte à notre culture qui implique un certain niveau d’hygiène (et tant mieux ! 😄).

Pour le chien, rien ne serait plus normal que de se soulager dès lors qu’il en ressent le besoin, hors de sa couche.

En lui apprenant la propreté très jeune, celui-ci s’adapte et assimile le fait de se retenir. Cela est possible car il apprend qu’il pourra se soulager lors de la promenade.  

Une histoire pour comprendre

Rentrons maintenant dans le vif du sujet : la gestion de l’environnement.

Ce sujet me tient particulièrement à cœur car je l’ai moi-même mis en place dans mon foyer.

Tout commence il y a 3 ans, lors de l’adoption en refuge de notre chienne Olympe, Berger Créole.

Nous tombons sous son charme avec ses grands yeux noisettes, ébahis par sa profondeur.

Il nous faut toutefois tester sa compatibilité chat avant de pouvoir l’intégrer à notre famille.

Au moment du « test », elle ne montre pas grand intérêt pour les habitants de la chatterie du refuge.

Parfait ! Nous finalisons les papiers et nous voici parti avec notre nouvelle amie canin.

Mais les choses ne se sont pas vraiment passées comme prévu… Sinon, je n’écrirais probablement pas ce papier 😅

À son arrivée, elle s’intéresse de près à Feely, notre chatte Européenne qui était déjà parmi nous depuis 2 ans.

La « réactivité » d’Olympe est arrivée petit à petit, plus elle s’intégrait plus ce côté « contrôle du mouvement » apparaissait clairement.

Au début je ne me suis pas inquiétée, je pensais qu’il s‘agissait de la période d’intégration et que les choses allaient s’apaiser au fur et à mesure, un peu comme par magie.

Quelle erreur ! 🙄

À cette époque, je n’avais pas les clés, ni la formation, pour que cette nouvelle arrivée se fasse sereinement. Aujourd’hui, après avoir fait un état des lieux des besoins de chacun, nous avons mis en place une gestion de l’environnement afin que chacun y trouve son compte.

Je ne vais pas vous mentir, l‘adaptation fut longue et parfois difficile mais avec une gestion efficace tout en restant simple pour nous les humains, les progrès sont possibles

Apprenez d’hier, vivez pour aujourd’hui, espérez pour demain. L’important est de ne pas arrêter de remettre en question.

Albert Einstein

D’ailleurs, quand on a un canidé, on réalise chaque jour des adaptations de l’environnement sans forcément s’en rendre compte.

Vous est-il déjà arrivé de :

  • Renoncer à une rue afin d’éviter de croiser un chien pouvant faire réagir le vôtre ?
  • Fermer les rideaux pour éviter que votre chien n’aboie sur le chat qui passe dans le jardin ?
  • Mettre une grille devant la cheminée pour éviter qu’il ne se brûle ?
  • Fermer la porte pour éviter qu’il ne se retrouve directement sur la route ?

Toutes ces actions quotidiennes relèvent de la gestion de l’environnement !

Vous remarquerez sans doute que la « décision » est prise par l’humain, pour le chien.

Dans un monde idéal, notre compagnon pourrait évidemment réaliser ses propres choix. L’un n’empêche pas l’autre, il nous faut, de temps en temps, être tour à tour le guide, l’éclaireur, le mentor, le conseiller ou encore le petit ange posé sur son épaule pour l’accompagner au mieux dans notre monde d’humains.

Dans le cadre d’une rééducation comportementale, la gestion de l’environnement permet également d’éviter que le chien ne déclenche le / les comportement(s) que l’on souhaite ne pas voir apparaître.

Comment un comportement se renforce ?

Ce que l’on appelle renforcement est l’intérêt que va générer la production d’un comportement canin. Si l’expérience initiale a été concluante, le renforcement est ce qui incitera le chien à le reproduire.

Chaque comportement qui se répète au moins 1 fois, est produit à nouveau car il a été renforcé. Que ce soit grâce à l’auto-renforcement, c’est-à-dire l’obtention de ce que le chien désirait (attraper le chat, obtenir le contenu de la poubelle…) ou grâce à un renforcement humain sous la forme de récompense (alimentaire, caresse, jeu…).

Dans le cas d’un comportement non-désiré (aboyer au passage du chien du voisin), plus il se produira, plus il se renforcera si le chien y trouve un intérêt et qu’il n’y a pas de cadre de vie en place.

Pour conclure mon histoire impliquant Olympe et Feely, voici quelques exemple d’actions mises en place pour gérer la réactivité chat : 

  • Installation d’une barrière en bas de l’escalier pour sécuriser Feely à l’étage en notre absence
  • Installation de l’arbre à chat à l’écart du panier d’Olympe et du canapé
  • Mise en place d’espaces réservés : canapé pour les chiens / lit pour le chat
  • Installation d’un « sas » de barrières avec rideaux à l’entrée de la chambre pour apaiser Olympe et qu’elle ne passe pas sa nuit à attendre l’arrivée de Feely à la porte
  • Installation de couchages au calme pour Olympe

Ces exemples correspondent à ma situation familiale. Ils ne sont pas universels. 

Chaque cas, surtout dans le cadre d’un chien “réactif”, doit être appréhendé de manière unique et sur-mesure et doit s’accompagner de solutions éducatives de fond.

Enrichir l’environnement, oui mais comment ?

Prenons une minute pour évoquer les besoins de nos canidés. 

On parle très souvent du besoin de dépense chez ces derniers. La réponse la plus souvent apportée à ce besoin est la dépense physique avec les promenades, randonnées…

Mais saviez-vous qu’il existe 3 types de besoins chez le chien familier ?

Considérons les différents besoins d’un chien au travers du triptyque suivant. Celui-ci sera évidemment à personnaliser en fonction de chaque chien et de ses besoins propres.

Les besoins physiques : se mouvoir, manger, boire, dormir, respirer… 

Besoins émotionnels : avoir des contact, éviter la peur et la douleur…

Besoins mentaux : creuser, chasser, se reproduire, explorer, jouer, réfléchir…

Les besoins physiques : la qualité prime sur la quantité

Bien sûr, je ne vous dirais pas ici qu’une balade en libre de 2H n’est pas une balade de qualité 😊

L’idéal est évidemment de pouvoir proposer des balades de qualité en quantité. Mais, notre vie quotidienne nous rattrapant bien souvent, cela n’est pas toujours possible.

Quand nous sommes « timés » pour la balade, que l’on a pas forcément la demi-journée pour explorer avec Médor, n’hésitons pas à laisser flairer notre chien plutôt que de vouloir « avaler du KM » en vitesse. Encore mieux, en réalisant une petite session de jeu ou de recherche, cela enrichira la balade et vous permettra de combiner une réponse à ses besoins physiques et mentaux.

Les besoins émotionnels : les grands oubliés

Les chiens ont des émotions, tout comme nous. La prise en compte de celles-ci rentre également en compte dans la satisfaction de leurs besoins. 

Chaque chien étant unique, il possède sa personnalité propre en tant qu’individu. 

Prenons un exemple : le besoin d’interactions avec des congénères ne sera pas forcément le même entre un chien A (besoin fort) et un chien B (besoin faible), même s’ils appartiennent à la même race. De même, votre chien peut avoir « ses humeurs » et ne pas avoir envie d’aller voir son copain d’en face, qu’il adore pourtant, au moment T pour de multiples raisons. 

À noter qu’un état émotionnel n’est pas fixé dans le temps. Lorsqu’un chien a peur, ce n’est pas pour toujours. L’important est de pouvoir s’y adapter sur le moment, en comprenant ce qui se passe et en réagissant afin de faire cesser au plus vite cet état. 

La prise en compte de cette individualité est essentielle pour un chien bien dans sa tête 🐶 et dans ses pattes🐾.

La dépense mentale : l’enrichissement alimentaire

La gestion de l’environnement est très utile pour éviter l’apparition d’un comportement. Mais saviez-vous qu’enrichir l’environnement était aussi une solution ? 

L’enrichissement (“Foraging” en anglais) désigne le comportement naturel de recherche alimentaire, initialement associé au parc zoologique. Cette recherche contribue au bien-être et à l’équilibre mental du chien

Que ce soit au travers de jeux de recherche de croquettes dans le jardin, un tapis de léchage (LickMat en anglais) ou encore avec le fameux KONG®, tout est bon pour ralentir la prise de nourriture de votre chien en mettant à profit son flair hors pair et ses capacités intellectuelles !

Et c’est pas fini !

La nourriture est bien souvent l’une des motivation principale chez nos canidés, mais elle n’est pas la seule !

Est-ce que votre chien renifle beaucoup en balade ? Est-ce qu’il creuse ? Est-ce qu’il s’éloigne de vous pour explorer ? Est-ce qu’il utilise sa mâchoire ?

Toutes ces indications vous mettrons sur la voie des activités à privilégier avec votre chien en fonction de ses motivations.

👉 S’il utilise naturellement son flair, proposez lui de pister avec ou sans vous (si votre rappel est bon) ;

👉S’il utilise sa gueule, proposez lui des activités masticatoires ou des séances de jeux à la corde encadrées ;

👉 S’il aime explorer, offrez-lui des moments de liberté dans un environnement sécurisé ;

👉 S’il aime creuser, aménagez-lui un coin adapté dans le jardin ou creusez ensemble en balade ;

& ainsi de suite, la seul limite est notre imagination 💭

Vous l’aurez compris, l’adaptation est la clé. Que ce soit à l’environnement, aux besoins, aux motivations ou encore à l’individualité de votre chien. 

Nos poilus s’adaptent quotidiennement à nos conditions de vie, alors ne serait-il pas juste que nous essayons, lorsque c’est possible, de nous adapter aussi à eux ?

Et n’oubliez pas :

Ce qui compte c’est pas l’arrivée, c’est la quête

Orelsan

Sources👉 Le monde de l’éducation, Antoine Spire (1989)

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